Dominique THIRIONphotographie

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errance marocaine

Errance marocaine constitue mon premier travail. J'ai commencé un stage dans le grand Sud marocain en essayant de rendre l'atmosphère d'un petit village agricole aux environs de Zagora. Un peu dépité, les résultats ne rencontrant pas vraiment les attentes de mon professeur, les derniers jours, j'ai renoncé à une expédition dans le désert pour me remettre en question et errer dans les faubourgs et sur les routes. Le groupe est rentré en Belgique, je suis resté à Marrakech et j'ai poursuivi mes vagabondages.

Plus tard, j'ai découvert « Errances », de Depardon. Ce n'est qu'alors que j'ai commencé à comprendre le sens de mon travail. Ni reportage, ni documentaire, simplement un regard qui ne cherche rien mais qui, justement parce qu'il ne cherche rien, va au-delà de l'apparence et permet d'éclairer autrement ce qui est là, que tout le monde peut voir mais que personne ne voit.

Je ne me définirais pas vraiment comme photographe, la (trop) belle image ne m'intéresse pas, la technique m'emmerde, j'utilise un bridge et j'ai longtemps travaillé en mode automatique.

La photographie est un art solitaire, on doit être face à soi-même. Chaque (bonne) photo est une sorte d'autoportrait où l'on a enlevé son masque (car le regard aussi a son masque). On ressent quelque chose, la plupart du temps on ne sait même pas quoi, et on pousse sur le bouton. Après, il faut donner du sens, traduire pour donner à voir aux autres. Les ressentis sont multiples, il faut donc une grille de lecture multiple.

Bien sûr il y a la qualité du regard. La fréquentation des musées et mon métier d'antiquaire m'ont beaucoup aidé.